Rome paie l'enlisement de la crise, Bruxelles exclut la fin de l'euro

Publié le par conscience-eburnie

ROME - L'Italie a payé cher vendredi l'enlisement de la crise dans la zone euro mais le commissaire européen Olli Rehn a exclu tout risque d'effondrement de la monnaie unique alors que selon Paris et Berlin un "écroulement" de la péninsule signerait la "fin de l'euro".

"Je ne vois certainement pas l'euro s'effondrer", a insisté M. Rehn, en charge des affaires économiques à Bruxelles, après avoir rencontré Mario Monti, arrivé à la tête de l'Italie il y a moins de deux semaines.

"L'Italie est un membre fondateur de l'Union européenne et de l'euro, elle est donc une partie centrale de l'euro et le restera dans l'avenir", a assuré le commissaire lors d'une conférence de presse.

M. Rehn répondait à une question sur le communiqué publié dans l'après-midi par le gouvernement italien, indiquant que le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel avaient dit jeudi lors du mini-sommet de Strasbourg à M. Monti qu'ils étaient "conscients qu'un écroulement de l'Italie amènerait inévitablement à la fin de l'euro".

L'Italie paie de plus en plus cher l'enlisement de la crise, ce qui fait paniquer l'ensemble de la zone euro car une asphyxie financière du pays, qui doit émettre l'an prochain plus de 400 milliards d'euros de dette, aurait des conséquences désastreuses.

Lors d'une émission obligataire très attendue, les taux d'emprunt à six mois du pays ont presque doublé à 6,504% contre 3,535% lors de la dernière opération similaire le 26 octobre tandis que ses taux à deux ans se sont envolés à 7,814%, contre 4,628%. Du jamais vu depuis la création de la zone euro.

La demande est toutefois restée soutenue et le Trésor a donc pu lever comme prévu 10 milliards d'euros.

Ces niveaux de taux, qui prouvent la méfiance de plus en plus grande à l'égard de l'Italie, sont jugés insoutenables sur la durée pour la péninsule qui croule sous une dette colossale représentant environ 120% de son PIB.

M. Rehn a souligné que si les taux restaient trop longtemps à ce niveau, "l'impact sera négatif pour le secteur financier et l'économie réelle".

Mais il s'est dit "certain" que l'Italie allait "faire ce qu'il faut pour calmer la situation, faire les réformes nécessaires".

Bruxelles, tout comme le Fonds Monétaire International (FMI), surveillent le respect des engagements budgétaires de l'Italie et la mise en oeuvre des réformes structurelles promises pour relancer une croissance en panne.

Le premier rapport de l'UE sera présenté mardi lors d'une réunion de l'Eurogroupe, a indiqué M. Rehn.

Confirmant une nouvelle fois l'objectif de l'Italie d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2013, ce qui va impliquer de nouvelles mesures de rigueur, M. Monti a promis vendredi aussi l'adoption "le plus rapidement possible" de mesures pour relancer la croissance.

Les réformes des retraites et du marché du travail figurent donc en haut de son agenda alors que les dernières statistiques alimentent les craintes d'une entrée de l'Italie en récession.

Signe que toute l'Italie s'inquiète, même l'association des footballeurs a appelé ses membres à acheter de la dette italienne pour soutenir le pays lors de la "Journée des bons du Trésor" ("BTP Day") prévue lundi.

Alors que la crise s'enlise, le mini-sommet de jeudi à Strasbourg a déçu les investisseurs qui espéraient un infléchissement de la position allemande pour permettre à la Banque Centrale Européenne (BCE) d'acheter massivement la dette des pays en difficulté.

624_341_01881e218eea8dfedd115795e6950e5d-1312570557.jpgMais Angela Merkel n'a rien cédé sur ce point malgré les pressions de la France. Elle a en outre réaffirmé son opposition aux euro-obligations et a en revanche obtenu l'aval de la France à une révision des traités européens pour accroître la surveillance budgétaire.

Paris et Berlin feront des propositions en ce sens avant le sommet européen du 9 décembre et souhaitent que Rome s'y associe.

Déprimées durant une grande partie de la journée, les Bourses européennes ont rebondi en fin de séance grâce à des rumeurs d'un allègement de la contribution des investisseurs privés en cas de faillite d'un pays de la zone euro.

La Belgique en revanche a vu sa note ramenée de "AA+" à "AA" par l'agence de notation Standard and Poor's qui craint que le royaume, déjà très endetté, doive de nouveau intervenir pour soutenir son secteur financier.

Publié dans Politique - Economie

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