Faut-il dire non au Crédit ?

Publié le par conscience-eburnie

fmi-2.jpgL’Egypte a refusé le 24 juin des crédits du Fonds monétaire international (FMI), pour éviter d’endetter le nouveau régime qui sortira des élections législatives prévues pour septembre. Le même jour au Cap, à l’autre bout du continent, le ministre sud-africain des Finances a plaidé pour une «redéfinition de la trajectoire du développement en Afrique». Lors d’un forum organisé par la Banque africaine de développement (Bad), Pravin Gordhan a en effet rappelé que l’Afrique serait un acteur clé de la croissance globale au cours des trois décennies à venir. Il n’a pas enfoncé une porte ouverte, mais un clou très important pour Pretoria. «Ce dont l’Afrique a le plus besoin, c’est d’une transformation des paradigmes du développement, du financement et de l’aide», a insisté Pravin Gordhan.

En clair, l’Afrique du Sud continue de faire campagne pour qu’un candidat issu des pays émergents prenne la direction du FMI, porté par une vision claire de ce qui doit changer. Trevor Manuel, le prédecessur de Pravin Gordhan au ministère des Finances (1995-2009) est déjà candidat à la succession du successeur de Dominique Strauss-Kahn. Et plaide pour une nouvelle approche des relations entre le FMI et les pays pauvres.

Il pourrait surfer sur une nouvelle tendance, pas seulement africaine: le Portugal, la Turquie et la Hongrie ont aussi refusé de s’endetter auprès du FMI, tandis que la Grèce a accepté cette option, très contestée par son opinion publique.  En Afrique, le refus de l’endettement est aussi le refus des conditions posées aux gouvernements mis sous perfusion: l’aide permet de recevoir de l’argent frais, à crédit, en échange de réformes structurelles à forte teneur libérale, visant à réduire les dépenses publiques et à privatiser les sociétés nationales. L’Afrique du Sud avait elle-même décliné les propositions du FMI et de la Banque mondiale après 1994. L’aide des institutions financières internationales était alors perçue par le Congrès national africain (ANC) comme une brèche ouverte dans l’indépendance du pays, alors fraîchement acquise et chèrement payée, après des décennies de lutte contre l’apartheid.

Plus récemment, le 17 juin, le Rwanda de Paul Kagamé a renoncé à une nouvelle ligne de crédit du FMI, fort de ses bonnes performances. Et ce, après avoir signé trois accords avec le FMI et la Banque mondiale, dont le dernier remonte à 2006. Le Rwanda entend rembourser ce qu’il doit au FMI, et ne plus entendre les injonctions coutumières de ses experts, habitués à un jargon prescripteur, ponctué de   »il faut » et « les autorités doivent ».

L’Afrique du Sud risque d’être mise face à ses contradictions, lorsqu’elle plaide pour une nouvelle approche Nord-Sud. Le pays joue lui-même le rôle de généreux créancier à l’échelle de l’Afrique australe. Pretoria continue de soutenir le Zimbabwe de Robert Mugabe et le Swaziland du roi Mswati III, deux pays qui ne remplissent pas les conditions minimales de “bonne gouvernance” pour prétendre aux déboursements du FMI. Or, cette politique d’aide inconditionnelle à régimes dictatoriaux fait débat. Le Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu), allié de l’ANC, s’oppose à tout prêt au Swaziland, qui demande environ 1 milliard d’euros à Pretoria. «Il n’y a pas de catastrophe naturelle à Mbabane, mais un désastre qui provient des élites royales, selon le Cosatu. Ces élites ont mis le pays sur la paille, après des années d’extravagances, de corruption et de mauvaise gestion». Par solidarité avec les 35 000 fonctionnaires du Swaziland, qui vont avoir du mal à être payés fin juin, le Cosatu demande rien moins qu’une nouvelle Constitution et une transition démocratique chez le voisin.

Publié dans Politique - Economie

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Y
<br /> <br /> Des crédits de "colonisation" sont accordés sur fond de pression sur les chefs d'Etat<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> La Colonisation masquée<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> <br /> L'Afrique, ces dirigeants doivent repenser aux crédits contractés<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Chez nous, une pluie de milliards pour nous aider mais "endettement à vie pour les générations futures"<br /> <br /> <br /> <br />