En Afrique, le foot féminin sort de l'ombre

Publié le par conscience-eburnie

Alors que commence la Coupe du monde féminine de football, les médias et le public s'intéressent enfin à ces sportives longtemps ignorées.

Perpetua Nkwocha, épuipe nigériane de football by Rafu 2007 via Flickr CC

Il n'y a pas que Didier Drogba et Samuel Eto'o dans le football africain. Perpetua Nkwocha (Nigeria) ou Miriam Paixao Silva (Guinée Equatoriale) sont également des stars sur le continent. Ces deux joueuses sont les têtes de pont d'un football féminin africain en pleine progression. Elles participent à la Coupe du monde féminine, du 26 juin au 17 juillet 2011 en Allemagne. 

Le football féminin, longtemps boudé par les médias et le public, revient en force sur le devant de la scène. Fini le temps où l'on parlait des footballeuses pour leur calendrier sexy, les filles jouent au foot. Et plutôt bien: plus d'un million de téléspectateurs était devant leur poste pour suivre la victoire de Lyon face à Postdam (2-0) lors de la finale de la Ligue des Champions.

Et la Coupe du monde féminine, dont le coup d'envoi a lieu le 26 juin, compte bien surfer sur cette vague. Pour le Mondial 2011, l'Afrique ne pouvait rêver mieux: avec le Nigeria (huit Coupe d'Afrique des Nations sur neuf) et la Guinée équatoriale (une CAN), le continent sera représenté par ce qu'il compte de meilleur. Pour les Super Falcons, qui survolent le football continental depuis plus de vingt ans, c'est une habitude puisque les Nigérianes n'ont pas raté une seule compétition. De son côté, la Guinée équatoriale a beau être l'un des plus petits pays d'Afrique, le football y est indéniablement sur la pente ascendante. C'est d'ailleurs dans le pays hôte de la CAN 2012, celle des hommes, que ce progrès du football féminin est le plus frappant. 

Test de vérification du sexe

Évidemment, le niveau de professionnalisme n'a pas encore atteint celui des hommes. C'est ainsi que le staff de la sélection nigériane avouait à Kick Off  à quelques jours de leur premier match ne rien connaître de ses adversaires au premier tour (France, Allemagne et Canada).

«Pour le moment, nous nous concentrons sur notre entraînement. Nous n'avons pas encore vu de vidéos de notre adversaire ; pour le moment, mais notre entraîneur allemand nous a promis qu'il nous fournirait une vidéo de l'Allemagne plus tard.»

Du côté du Nzalang Nacional, c'est également le flou. Salimata Simpore et sa sœur Bilguisa Simpore, deux stars de la sélection de Guinée équatoriale, ont été écartées de l'équipe. La cause?  Comme pour l’athlète sud-africaine Caster Semenya, un doute existe autour de leur véritable identité sexuelle. Les deux joueuses participaient pourtant à l'édition 2008 de la Coupe du monde féminine, remportée par le Nzalang, comme en 2010, où la Guinée équatoriale a atteint la finale. Salimata, l'attaquante, est également accusée d'avoir joué pour le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire par le passé. Genoveva Anonma, également dans le viseur, est toujours dans le groupe.

«Depuis deux ans déjà, il y a au moins deux hommes qui jouent dans la sélection équato-guinéenne, a accusé la coach de l’équipe nigériane. Les instances dirigeantes du football africain doivent intervenir immédiatement.»

Difficile, dans ces conditions de préparer un groupe D particulièrement relevé avec deux candidats au titre final (Brésil, Norvège) et un outsider (Australie).

Du côté de la FIFA, on se dédouane en affirmant avoir introduit un protocole de test de vérification du sexe, même si aucun n'aura lieu durant la compétition. Chaque fédération doit s'assurer que ses joueuses sont des femmes sous peine de sanctions.

Les maux du foot n'ont pas de sexe

Reste que, en Afrique, le football féminin reste le parent pauvre. Seulement 2,9% des licenciées sont des filles. Et, dans de nombreux pays, la Charia est imposée, interdisant aux femmes la pratique du sport. L'émancipation par le football, c'est pourtant la voie que se sont choisies de nombreuses jeunes filles en Kabylie avec la création de la section féminine de la JSK au milieu des années 90, témoignant ainsi d'une volonté de liberté.

Au final, corruption, bataille d'égos, incompétences et tricheries... Les maux qui tourment le football africain sont partout les mêmes, que l'on parle des hommes ou des femmes. Et c'est Rachel Yankey, la star de l'équipe nationale d'Angleterre qui résume le mieux la situation sur la BBC

«Le football des hommes est tellement important que les gens le comparent à ce que nous faisons. Le football est un seul et même sport mais nous le pratiquons différemment. J'ai grandi en jouant contre les garçons mais, arrivé à un certain âge, je ne faisais plus le poids physiquement. Il ne faut pas comparer. Une fois que les gens apprécieront les différences et que l'équipe nationale aura des résultats, le football féminin pourra grandir.»

 

Nicholas Mc Anally


Publié dans Sports

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